Retraite vers la Suisse et prisonniers allemands

Bonjour à tous,

En me renseignant sur les douanes en 1940, je suis tombé sur un passage qui fait mention de douaniers passant la frontière Suisse avec des prisonniers allemands.

Qu’en pensez-vous ? Est-ce que les unités franco-polonaises ont entraîné dans leur retraite en Suisse des prisonniers de guerre Allemands ?, et si oui, que sont-ils devenus…..

Merci d’avance pour votre aide.

En me référant à l'Histoire de la neutralité pendant la Seconde Guerre mondiale, vol VI, de Edgar Bonjour,
chapitre 2 Internement de militaire étrangers, page 42-43

Tout de suite après cet échange de lettres (entre Guisan et Pilet), des civils et de militaires, en particulier des blessés et des malades, commencèrent à franchir la frontière en Ajoie, dans les Franches Montagnes et le Jura neuchâtelois. Coupé du gros de l'armée française par l'avance rapide et imprévue des blindés allemands, le 45è corps d'armée du général Daille chercha refuge en Suisse. Le gros de cette troupe passa la frontière dans la nuit du 19 au 20 juin ; il comprenait 16000 Français, 12000 Polonais, 5800 chevaux et 1600 véhicules, plus une quantité de matériel et de munitions. Les Polonais constituaient le 2è division d'infanterie, sous les ordres du général Prugar_Ketling. La 1ère division polonaise commandée par le général Dush avait ét presque totalement anéantie dans l'ouest de la France. Avec les 12000 hommes déjà entés en Suisse, le nombre s'éleva à 40000 en chiffre rond. Les jours suivants, 3000 hommes pénétrèrent encore en Suisse; le 1er août, jour du recensement, il y avait ainsi dans le pays 42 772 internés, dont 29507 Français, 12531 Polonais, 639 Belges, 94 Anglais et 1 Espagnol. L'effectif n'atteignait même pas la moitié de celui de l'armée de Bourbaki en 1870.

Donc en fait il n'y eut aucun prisonnier allemand.

Je mentionne au passage que les 3 volumes , IV,V et VI de l'Histoire de la neutralité pendant la Seconde Guerre mondiale, reste encore l'ouvrage de référence de cette histoire. http://www.livresdeguerre.net/forum/suj ... sujet=1381

Concernant spécialement les Internés il y a le livre de Olivier Grivat: Internés en Suisse 1939-1945
http://www.livresdeguerre.net/forum/suj ... sujet=1209

Un intéressant reportage des services cinématographiques de l'armée suisse, tourné à l'occasion de l'internement des troupes du 45ème Corps d'Armée ...

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ ... p.vp9.webm

Merci, peut-être que les éventuels prisonniers allemands ont été refoulés à la frontière ?

Petite parenthèse vous savez ce que sont devenus les canons et les chars après l'internement ?

Merci, peut-être que les éventuels prisonniers allemands ont été refoulés à la frontière ?

Petite parenthèse vous savez ce que sont devenus les canons et les chars après l'internement ?

Dans le chapitre suivant de l'Histoire de la neutralité suisse pendant la Seconde Guerre mondiale, vol VI: Le rapatriement d'internés militaires on lit à la page 71

C'est seulement le 23 novembre que Pilet apprit officiellement - après que la radio et la presse eurent diffusé la nouvelle - qu'un accord avait été conclu entre le mandataire militaire français pour les questions de prisonniers de guerre, Scapini, et les autorités allemandes. l'article 2 était rédigé comme suit: " Il n'y a pas d'objection à libérer des militaires français détenus en Suisse. Les internés militaires français seront démobilisés dès qu'ils auront franchi la frontière suisse et renvoyés dans leurs foyers aussi bien en zone occupée qu'en zone libre. L'équipement de guerre apporté en Suisse par les internés sera remis aux autorités allemandes à l'exception des chevaux, pour lesquels un régalement est déjà intervenu


Auparavant il y eut de nombreuses discussions et divergences entre Guisan et Pilet (conseiller fédéral), ensuite aussi des tractations avec les Allemands et les Français.

Merci, peut-être que les éventuels prisonniers allemands ont été refoulés à la frontière ?

Lesquels?

A mon humble avis, le ou les cameramen suisses se seraient faits un petit plaisir personnel en les immortalisant sur leur pellicule.

Les toutes premières images du film mis en lien avaient été prises, dès le poste frontière "France-Suisse". Les dispositions, prises dans le cadre de l'internement de forces armées étrangères, sur le territoire helvétique, avaient fait partie de négociations préalables et de clauses à respecter strictement. On en a un bon exemple, avec, dès la frontière franchie, la dépose systématique des armes personnelles, collectives et des munitions; l'armée française trimbale, certes, un peu plus tard, ses pièces d'artillerie, y compris antichars, mais, alors, elle ne dispose plus d'aucune munition pour les approvisionner.

L'air de rien, çà avait du prendre plusieurs jours, à l'armée suisse, pour récupérer et inventorier, avec précision, les armes et munitions "abandonnées" par les troupes françaises et polonaises. A un moment, on voit, même un plan, sur lequel les culots de douilles des munitions d'artillerie avaient été systématiquement marquées d'un double trait, afin de vérifier que chaque lot avait été clairement identifié et très précisement comptabilisé!

Si d'aventure, le 45ème Corps d'Armée français avait fait prisonniers des combattants allemands - ce qui reste dans le domaine du possible! -, les conditions d'internement convenues avec la Confédération Helvétique ne lui permettaient pas de franchir la frontière avec eux! ... Car çà pouvait créer un sérieux problème diplomatique entre la Suisse et l'Allemagne! .

Il ne reste, dès lors, qu'une unique hypothèse, elle avait été contrainte de les relâcher avant le franchissement de la frontière!

Cà avait beau sourire, côté "pinpins français", plus une courtoisie générale réglementaire vis-à-vis des officiers suisses, ce n'était en rien une situation "Club Med". Les troupes françaises et polonaises, à la fin du reportage, s'acheminent vers un camp d'internement, où, elles avaient, certes, bénéficié d'un bon traitement, mais où elles avaient, néanmoins , croupi durant de longs mois, avant d' être expulser vers leur mère-patrie; la Suisse avait, alors, visiblement négocié, au préalable, avec l'Allemand, leur démobilisation générale, qui leur avait évité, une fois revenues sur le territoire français, de prendre la route des Stalage et Offlage. Cà, aussi, çà fait partie des décisions négociables par un Etat Neutre.

Cà avait beau sourire, côté "pinpins français", plus une courtoisie générale réglementaire vis-à-vis des officiers suisses, ce n'était en rien une situation "Club Med". Les troupes françaises et polonaises, à la fin du reportage, s'acheminent vers un camp d'internement, où, elles avaient, certes, bénéficié d'un bon traitement, mais où elles avaient, néanmoins , croupi durant de longs mois, avant d' être expulser vers leur mère-patrie; la Suisse avait, alors, visiblement négocié, au préalable, avec l'Allemand, leur démobilisation générale, qui leur avait évité, une fois revenues sur le territoire français, de prendre la route des Stalage et Offlage. Cà, aussi, çà fait partie des décisions négociables par un Etat Neutre.

A noter que le traitement était si correct qu'un certain nombre de soldats internés ont choisi de rester vivre en Suisse.
Les mesures de sécurité n'étaient pas draconiennes, et l'on sait aussi qu'un certain nombre de Polonais de la 2e Division de Fusiliers ( 2e DIP ) ont pu s'échapper et rejoindre la Grande-Bretagne pour participer à la reformation de l'armée Polonaise.
Alain

Donc l'équipement a été remis aux allemands...... drôle de décision.

Donc l'équipement a été remis aux allemands...... drôle de décision.

Oui mais selon les directives françaises. Cela a été critiqué en disant que c'était aux Français de remettre ce matériel...donc le rendre d'abord aux Français....

Donc l'équipement a été remis aux allemands...... drôle de décision.

Non, pas vraiment. Cà faisait partie des règles internationales d'internement de forces étrangères sur un territoire neutre. En gros, cet internement évitait aux troupes "réfugiées" et "acculées" d'être faites prisonnières par leur adversaire et limitaient leurs possibles pertes au combat, de même, leur matériel aurait, de toute manière, été capturé par leur "Vainqueur"; il était donc logique de lui remettre l'armement.

Cà, c'était déjà déroulé de la même façon, en septembre 1870, quand des troupes françaises, après le désastre de Sedan, avaient réussi à trouver refuge en Belgique et, fin janvier 1871, après la retraite, en territoire helvétique, de l'Armée de l'Est, commandée par le général Bourbaki.

Le matos, c'est une chose, qui se remplace, mais la priorité d'un chef de corps est, avant tout, de limiter ses pertes humaines. Donc, soit, il se replie ou peut faire retraite, soit s'il se retrouve bloqué, à proximité immédiate d'un pays neutre frontalier, qui lui offre, alors, une possibilité d'internement. Militairement, cette action n'est pas considérée comme une défaite, mais comme la seule solution possible.

Bourbaki, après la bataille d'Héricourt (15-17 janvier 1871), cerné de toutes parts par les troupes germano-prussiennes, coupé de toute voie de ravitaillement, avait jugé préférable de se réfugier en Suisse avec l'Armée de l'Est. Néanmoins, sa décision n'avait jamais fait l'objet du moindre Conseil de Guerre, même, si la France avait, une fois la paix signée, quelques jours plus tard, du payer une fortune (12 millions de francs-or) pour récupérer son matos, considéré comme du "butin de guerre" et détenu en Suisse!

Merci bien