Du temps des canons à chargement par la gueule, le canonnier pointait sa pièce à partir d'une ligne imaginaire tracé dans l'axe longitudinal du haut du tube; les premiers dispositifs simple de visées, avec guidon et point de mire, datent de +/- 1830. De surcroit, avant l'adoption des premiers obus explosifs ogivo-cylindriques et du canon rayé - à la même époque! -, le boulet sphérique, en raison de l'évent nécessaire pour l'approvisionnement par la gueule, ricochait dans l'âme du tube; selon son dernier "rebond" dans le tube, le tir était souvent trop haut ou trop bas.
A la fin du XVIIIème et début XIXème siècle, les canons de marine de 24 livres et 36 livres tiraient allégrement entre 2500 et 3000 m, mais - sans parler des effets du roulis et tangage - la dispersion était telle, que çà se résumait à une consommation inutile de munitions, d'où "l'usage" de n'ouvrir le tir qu'à un peu plus de deux encablures (400-500 m). C'était un peu plus mieux pour les batteries côtières, qui avaient l'avantage d'être installées sur la terre ferme. L'artillerie terrestre napoléonienne se contentait de tirer sur des cibles fixes ou des concentrations de formations d'artillerie, d'infanterie, de cavalerie; dès lors, plus que la précision, l'important était le groupement.
La Vo est, également, essentielle pour assurer le maximum de précision du tir; en 1939-1945, un obusier, dont les pélots avaient une trajectoire courbe, imprimait une Vo de l'ordre 450 m/s, un canon de campagne, de l'ordre de 800 m/s. Les pièces antichars et antiaériennes avaient vu, au fil du conflit, leurs performances grimper jusqu'à plus de 1000 m/s, sachant que plus le pélot pesait lourd, moindre était la chute de la Vo au prorata de la distance. C'est ce qui explique la moindre précision des obus antichars à noyau de carbure de tungstène et des munitions à charge creuse! Pour les premières citées, c'était un problème de poids du pélot, pour les secondes, la basse vitesse requise (+/- 400/450 m/s max!). Dans les deux cas, la dispersion de ces munitions devenait rédhibitoire, bien avant qu'elles n'avaient atteint leurs portées efficaces "officielles". Il y a un exemple tout bête... à bord du Panzer IV et du StuG. III, armés du 7,5 cm KwK/StuK 40 de 48 calibres, la lunette de visée était "généreusement" graduée jusqu'à 1500 m pour les obus à charge creuse (Hl/B, Hl/C); sauf que, dans le combat antichar, la précision efficace de ces munitions ne dépassait guère 800 m, dans le meilleur des cas! ... 1500 m, c'était juste bon pour "fumer une baraque", nécessairement immobile et dépourvue de "blindages inclinés"!