Post Numéro: 4 de julienf67 07 Mai 2022, 02:18
Pour le grand public, et même pour de nombreux historiens français, mai-juin 40 sont une fin, la défaite de juin 40 est pensée généralement comme totale, définitive. Et plutôt que de questionner cette idée, on cherche les coupables du fiasco.
Je dis que Pétain est vainqueur des mémoires parce qu'il a su imposer son idée que l'armistice était la seule solution, alors que la poursuite de la guerre était l'idée première du chef du gouvernement et du président de la république.
L'armistice de juin 40 est une capitulation sans conditions : en effet Pétain appelle l'armée à cesser le combat (et donc à se rendre) avant même d'avoir commencer à discuter.
C'est pour ça que je dis qu'on utilise un terme neutre (armistice) pour camoufler une capitulation.
Et il suffit de lire les protocoles d'armistice pour bien se rendre compte que la France n'a plus aucun pouvoir et qu'il n'y a pas eu de négociation, juste un diktat.
De Gaulle n'est personne en 1940, politiquement parlant. Il représente de fait les restes du gouvernement Reynaud, mais il est isolé et est présenté comme cela au niveau historique.
De Gaulle dit à raison qu'il faut continuer le combat, mais l'image générale qui reste de juin 40 c'est que le combat est perdu et que cesser la guerre est logique.
Le cinéma des années 60 représente cette société d'après guerre, et les clichés qui y ont cours. Cette image d'une armée guignolesque était très présente, et a pesé lourd sur le dos des prisonniers des stalags durant toute leur vie, et ce film a renforcé cette vision en la popularisant et la rendant amusante et visible.
De fait Pétain s'empare du pouvoir le 17 juin, son discours l'impose comme le chef du pays pour la population, et les conséquences sont immédiates, dès l'après midi les soldats sont pris à partie par les élus et habitants qui refusent que des combats se déroulent près de chez eux. Les 10 et 11 juillet ne sont plus qu'une formalité administrative d'un état de fait en place dès le 17 juin. L'arrestation arbitraire de Mandel sur ordre écrit de Pétain peu après le discours radiophonique permet de constater une prise de pouvoir effective et non constitutionnelle (avec validation le pouvoir législatif), le 17 juin est donc bien un coup d'état.