Bosoir ,
Je partage bien entendu cet avis .
Je vous invite a regarder la fiche qui avait été crée autrefois sur la maintenance du char B1bis :
http://www.atf40.fr/ATF40/char%20B/maintenance.pdfet plus particulièrement , consultez la partie dédié a la consommation quotidienne d'ingrédients .
C'est environ 150 litres d'huiles de différentes nature/viscosité qu'il faut utiliser chaque jour . Pour chaque char , 3 chasseurs "graisseurs" étaient désignés dans les TEG ( tableaux d'effectifs de guerre ) . Alors certes, lorsque tout va bien , que l'approvisionnement arrive correctement , le char ne doit pas avoir de problèmes particuliers , sauf des pannes naturelles . Mais des que les unités sont en mouvement rapide , que l'approvisionnement se fait plus maigre, que des effectifs commencent a manquer , on arrive parfois a des situations ou les tankistes eux même réquisitionnaient les stocks d'huile de ricin des pharmacies , ne sachant pas que celle ci ne correspondait pas a l'emploi prévu .
Les éléments principaux du char se retrouvant mal lubrifiés , une usure anormal devait probablement se produire , jusqu’à la rupture ( moteur sérré , casse de chenilles , boite cassée , naeder en panne , ventilateurs grippés entraînant une surchauffe du moteur et rupture de joints etc etc ) . De la a dire que le matériel a été saboté en usine , il n'y a qu'un pas , dans une période ou la 5e colonne est présente dans tous les esprits .
Et la , deux solutions , soit le char immobilisé est sur un terrain dont les français sont encore propriétaires et on peut transporter le char en atelier , ou alors, l'ennemi est déjà passé par la , et le char est perdu ...
A signaler une petite histoire , dont j'ai oublié l'origine . Début 40 , les forces polonaises perçoivent des chars B pour équiper leur 1er BCC (pol ) et remplacer les chars FT sur lesquels ils s’entraînaient . Apres quelques tests il s’avère que le matériel surchauffe et les Polonais renvoient ces chars aux Français ( ils seront dotés ensuite de chars R ) . L'histoire ne dit pas s'il s'agissait de chars neufs ( B1bis ) ou , ce que je pense plutôt , de chars B1 que l'on a sorti des dépôts , ce qui expliquerait les problèmes mécaniques constatés par les Polonais . Par ailleurs, je n'ai trace d'aucune dotation de char B1bis neufs vers des Polonais , mais on constate qu'un petit nombre de chars B1 ont été utilisés en unité école en mai 40 avant d’être employé en unité de combat dans l'urgence , ce qui n'exclue pas un court passage quelques semaines plus tôt dans le centre d'entrainement des chars Polonais .
Je précise ici que les plans initiaux étaient de former une DCR Polonaise avec équipement B et R ou H ) ainsi que deux GBC , portant ainsi les effectifs blindés polonais a 8 BCC ( dont 2 de chars B ) , le tout devant se porter en appui de deux corps d'armée composé chacun de deux divisions d'infanterie , afin de former une armée polonaise cohérente , plutôt que le rattachement des unités polonaises a des organisations Françaises .
Pour ne pas laisser une information trompeuse, dans la réalité , les Polonais ont pu former deux DI et une brigade blindée mixte , toutes les autres unités prévues étant encore en cours de formation ( 3e et 4e DI , 3e et 4e BCC encore en centre d'entrainement sur une vingtaine de FT , les 4 autres BCC n'existant quasi pas sauf a titre de projet - les 5e et 6e sont cités parfois , il devait y avoir une ébauche d'encadrement ) , mais les effectifs levés ont servi aussi a former un grand nombre d'unités antichar qui ont été déployées dans des unités Françaises .
En bref, on retrouve ici une constante de la bataille de 40 : une belle armée , mais avec du matériel fragile/sensible à un mauvais entretien ou à des problèmes d'approvisionnement .
Avec la panique et l'incompétence au niveau du commandement ( cf marches et contre-marches dans le sens opposé ) , l’équipement a souffert d'attrition n'ayant parfois même pas l'occasion d’être utilisé au combat , sans même compter l'outil logistique qui avait du mal a suivre de telles amplitudes de mouvement pour réapprovisionner a temps les unités .
Donc sabotage du char B ? Si sabotage il y a eu , c’était bien involontaire , et cela ne s'est pas fait en usine ( sauf rarissime exception ) mais bien sur le terrain par les équipages eux mêmes , suivant les ordres de leurs supérieurs, alors que le matériel n’était pas correctement entretenu , ou avec des expédients trouvés sur le terrain , dont , pour ne parler que de l'huile , la viscosité( et la nature probablement ) ne correspondait pas aux besoins réels des équipements . Pour avoir fait un peu d'usinage dans ma jeunesse ( tour , fraise etc ) , je sais que si le lubrifiant n'est pas correct , on atteint très vite des températures qui finissent par altérer , et la pièce , et l'outil , et la machine ...
Amicalement,
Alain