Je reviens sur la question qui a été posée , au sujet du renseignement Allemand , concernant le dispositif Français .
D'un façon a peu pres correcte (1) le dénombrement de grandes unités et leur composition théorique(2) ont été effectués . Je n'ai pas tout vérifié , mais je peux dire que sur les blindés , ils avaient oublié une petite demi douzaine de BCC d'accompagnement d'infanterie , et avaient tendance a sous estimer l'artillerie de reserve . Par contre, la ou péchait le renseignement Allemand, c'etait sur le positionnement des troupes Françaises . Si les reconnaissances avaient portés leurs fruits sur les troupes de premieres lignes, les forces Allemandes avaient beaucoup de mal a situer les DCR et les troupes de reserves situées sur les arrieres du front .
Ainsi , ils avaient identifié l'axe mécanisé/motorisé des Franco-Anglais se profilant a la frontière Belge , mais , par exemple , avaient perdu la localisation d'une des trois DLM . Leurs estimations sur le front "maginot" etait encore plus fantaisiste , sauf sur le secteur de la 8e armée ou ils ont carrément récupéré des dossiers complets de l'armée ( que j'ai pu voir ) .
Les secteurs de percée sur la Meuse ont été bien documenté , mais encore une fois , seule la partie la plus frontale était bien connue .
Ainsi , si l'option Fall Gelb était réalisable au vu de leurs connaissances, une fois l'exploitation entammée , ils nageaient dans l'inconnu sur les potentialités de troupes non identifiées/mal localisées sur leurs cartes . Et plus l'exploitation allait vite, moins ils avaient de renseignement stratégique sur les mouvements Français . Au bout de quelques jours de combat , l'etat major ne prends meme plus la peine d'essayer de situer les unités sur les arrieres du front , et ne se fie qu'aux rapports identifiant ici ou la une GU , parfois avec des numéros fantaisistes ... Il n'est pas rare de voir des chars partout sur le front ... ça ne vous fait penser a rien ? ... alors qu'en fait les DCR ont été tres vite en reformation , "consommant" au passage certains BCC d'accompagnement .
la situation se stabilise juste avant Fall Rot , mais l'inconnue pour les Allemands réside désormais dans la puissance intrinsèque de chaque GU Française .
Bref tout cela pour dire qu'au niveau tactique , les "mouchards" et unités d'éclairage envoyés sur les cotés de la progression ont bien rempli leur role , mais qu'au niveau semi-stratégique ou stratégique , c'etait plus de la supposition de mouvement Français effectué dans un sens ou dans un autre , que des certitudes , et avec une inconnue constante : la force réelle des unités Françaises .
On est loin d'un renseignement par satellite et drones ...mais plus dans un jeu d'echec ou un coup sur deux on se masque les yeux pour ne pas voir les pièces de l'adversaire - et agir donc avec un temps de retard , ou en imaginant que l'autre a joué tel coup . Que les "pro-allemands" se rassurent , ce n’était pas bien mieux du coté Français , puisque l’état major perdait même trace de ses propres unités , et largement moins bien au niveau tactique , car les GR étaient bien souvent mobilisés pour faire office d’arrière garde lors d'un recul , et l'aviation de reconnaissance très limitée .
Il faut faire attention sur le coté TSF , liaisons filaires etc . L'armée Française n'avait pas un réel retard a ce niveau la au niveau technologique , mais determinait un refus a envoyer sur les ondes des informations en clair . Par ailleurs, a l'époque aucun document ne pouvait etre transmis autrement que physiquement ( par exemple une photo ) , et lorsqu'une armée recule , son état major recule aussi , c'est évident . Enfin , l'armée Française était "rigide" et il fallait qu'un ordre écrit et signé arrive a une unité pour que le responsable d'unité se considère comme non justiciable/responsable d'une décision . Ce mode de pensée allait bien pour une guerre statique , pas une guerre de mouvement , et l'erreur tient plus a la chaîne de commandement déterminée , devant passer par ordre écrits transférés par estafettes motos , que par un déficit de liaisons hertziennes . Nous ne pouvons pas , aujourd'hui , critiquer ce fonctionnement , car culturellement nous sommes habitués a internet , au telephone portable etc . Il faut comprendre que sans codification vocale , l'ennemi pouvait comprendre les ordres donnés : il n'existait pas de cryptage informatique des sons .
Cette problématique a continué tout au long de la guerre , et les differentes nations ont opté pour des cryptages de liaisons hertziennes en morse ( type enygma par exemple ) , et d'autres ont adopté des langues inconnues de l'ennemi pour les communications en clair ( comme les américains utilisant la langue navarro ) . Il n'y a donc pas lieu a critiquer l'armée française pour ses doutes quant a une non sécurité de l'utilisation de la radio ... Et juste pour en rajouter une couche , internet a été crée au début dans un but militaire , et aujourd'hui on cable tout , a travers les océans . Donc le fillaire n'est pas terminé
Amicalement ,
Alain
(1) les Allemands ont fait la meme erreur que nous , Français , faisont souvent vis a vis de l'armée Allemande , au sujet des reservistes . Lorsque les Welle Allemandes sont tardives elles ont des organisations et du matériel différent , chez les Français , en théorie , et hormis les divisions de série B "stationnaires" ne disposant que d'un seul régiment d'artillerie mixte , toutes les organisations sont identiques, et , en théorie le matériel aussi . Je précise en théorie car le matériel était en cours de modernisation , comme par exemple pour les mortiers Stokes devant etre remplacé par des Brandt
(2) Quelques petites erreurs sont a signaler sur les gliederungs que les Allemands avaient composés pour les unités Françaises, mais cela reste mineur . Grosso modo ils avaient autant identifié les structures et potentialités de nos unités que nous l'avions aussi fait . J’espère lire un jour une critique Allemande des unités Françaises , effectuée a l'époque pour savoir ce qu'ils en pensaient .