Bonjour,
Je me permets de rouvrir ce fil pour vous faire d'une découverte assez étrange.
Chez un bouquiniste bruxellois, je suis tombé sur un livre intitulé "L'île des ombres" et sous-titré "L'enfer du Camp du Vernet".
J'habite en Ariège, à dix kilomètres du site du Camp et je travaille à un master d'histoire sur l'exil des Belges dans le Sud de la France en 1940. Alors, bien sûr, j'ai acquis le livre. J'ai cherché sur Internet des renseignements sur le livre, sur l'auteur, sans succès. Je n'ai trouvé mention de l'ouvrage que dans le catalogue du CEGES à Bruxelles.
On peut en lire une présentation et la table des matières sur mon blog :
http://rdegreve.wordpress.com/2010/10/2 ... et-ariege/Pour résumer, l'auteur s'appelle Marcel Bourgeois, il a édité lui-même le livre en 1941 à Bruxelles. Et publier un livre en 1941 en Belgique n'est sans doute pas sans conditions.
L'auteur est clairement nationaliste belge et royaliste, ce qui est assez classique à l'époque et, en même temps, antisémite et antifrançais, ce qui me semble plus surprenant.
Je passe sur l'antisémitisme, nauséabond mais courant dans ces années-là.
Concernant la France, son obsession paraît être de dédouaner la Belgique de la Capitulation du 28 mai en accablant la France. Et la France devient le malheur des Belges, un peu comme, semble-t-il, sur le site délirant que vous citez et où je suis allé une fois par hasard.
Le chapitre premier s'intitule "Vengeance" française. J'en cite le début.
"Dix mai mil neuf cent quarante.
La Belgique, une fois de plus, est entraînée dans un conflit où elle a tout à perdre et rien à gagner.
Par qui est-elle poussée ?
Par la France qui, ayant prouvé aux Belges son ingratitude en 14-18, découvre aujourd'hui sa lâcheté à partir de la capitulation de notre valeureuse Armée.
Les crimes français ne se comptent plus. Je ne jugerai point. Je vous laisserai ce soin, lecteurs.
Ces pages n'en seront pas moins un réquisitoire, car vous devez connaître la conduite de la République à l'égard des réfugiés belges qui crurent pouvoir chercher asile dans ce pays.
La majorité des Belges qui me liront me donneront raison, car ils savent que toutes les promesses, toutes les paroles furent mensongères, fausses. La conduite des Français étonnera la postérité, car chez eux ce ne fut que trahison, crime, lâcheté".
Je me suis demandé si cet état d'esprit était répandu.
Et j'ai réfléchi que, suite à la défaite de 1940, chaque peuple a eu tendance à accuser les autres. Les Français ont eu des mots blessants sur les Belges à la suite de la capitulation du 28 mai. Mais quand on dit les fr