Post Numéro: 6 de Signal 18 Déc 2009, 15:13
Bon, allons y.
On perçoit chez l'auteur de ce texte une paranoïa profonde concernant la France, pour ne pas dire plus. Il parle dès le début d'"aliénation, c'est-à-dire l'abandon de sa personnalité pour se mettre au service d’un autre, [qui] peut mener jusqu'au révisionnisme". On ne peut être plus clair : il considère les Belges et la Belgique comme une sorte de colonie morale française, incapable de la moindre réflexion personnelle face à la mainmise française. Les Belges du forum apprécieront.
Les "exactions" dont parle l'auteur (anonyme par ailleurs) du texte ne sont étayées par aucun document d'aucune sorte, il ne s'agit que de suppositions : son père, dit-il a été "été arrêté par la soldatesque française le 14 mai 1940, brutalisé, frappé et menacé d'être fusillé". "Menacé d'être fusillé" n'est pas être fusillé. Pour ce qui est des véritables exécutions, il ne s'agit que de rumeurs : "J’avais cité les noms de MM. Justin MIGEOT, d'Aisemont et Auguste DELONGUEIL, de Lesves, mais lors d'une sortie dehors pour prendre l'air, un des invités me prit par le bras et me dit :"Il ne faut pas parler de ça !", sans autres précisions. Autrement dit, le fait de ne pas parler de certaines personnes signifie, aux yeux de l'auteur, que ces personnes ont été purement et simplement exécutées par les Français. Pourtant, il n'apporte aucune preuve concrète de ce qu'il avance, ou plutôt sous-entend.
La Ligne Maginot n'a effectivement pas été construite le long de la frontière belge, en effet pour ne pas froisser la susceptibilité du pays neutre.
Cependant, notre auteur justifie la chose par le fait qu'il s'agissait pour les Français d'éviter à la France de connaître des combats sur leur sol, au détriment des Belges. Un peu plus loin, on trouve "les Alliés projetaient de s'arrêter au beau milieu du territoire. L'autre moitié du royaume aurait été froidement abandonnée aux Allemands....".
Ces affirmations ne sont que des manipulations de la réalité : notre auteur oublie une donnée fondamentale : les Belges aussi ont des fortifications ! Et celles-ci sont effectivement au milieu de leur territoire, pour des raisons stratégiques liées à la géographie. D'où le plan franco-anglais, qui prévoit de ne s'arrêter que sur la Dyle, au milieu du pays.
Le pire c'est que juste après cette attaque contre la volonté française d'entrer en Belgique, notre auteur se plaint... de la lenteur française à réagir à l'attaque allemande ! Autrement dit, selon lui si les Français avaient réagi plus tôt ils auraient pu aider la Belgique plus tôt ! On marche sur la tête...
Pour le reste de l'article, il ne s'agit la plupart du temps d'accusations sans fondement, de "on aurait pu se faire fusiller si...". On trouve même une fois un "(à vérifier)" (sic !). On trouve même des accusations lancées par la propagande Allemande : "«C'est ici que la haute (sic!) civilisation française a assassiné 14 civils innocents»"... Les cas avérés d'exécutions sont des cas classiques de temps de guerre, quelle que soit l'armée : un présumé parachutiste, de présumés espions, des interrogatoires musclés.
Certaines citations d'articles reviennent plusieurs fois, histoire de faire de la masse, comme celle-ci, qui revient au moins deux fois : "3.2.3.1 H.H., Une certaine impudeur, PP? 19/7/79, p.104 : "Qu'on ne vienne pas me dire que nous avons été "accueillis" en France /en 40/, nous avons souvent été tolérés, sans plus, et très souvent exploités." et plus loin "3.2.3.6 H.H., Une certaine impudeur, PP? 19/7/79, p.1O4 : "Qu'on ne vienne pas me dire que nous avons été "accueillis" en france /en 40/, nous avons souvent été tolérés, sans plus, et très souvent exploités."
L'ensemble baigne dans un racisme digne de la propagande allemande de l'époque : les Français sont "hum ! souvent sénégalais, …", les gardiens des camps de regroupement sont "des troupes tchèques et des tirailleurs marocains" (on se demande d'ailleurs ce que viennent faire là des troupes d'une armée tchèque démantelée depuis mars 39...).
Pour résumer, nous avons ici à faire à un bel exemple de document de propagande raciste, comme on en trouve beaucoup sur le net. On retrouve la même façon de procéder que chez les néo-pétainistes, les néo-nazis, les négationnistes et les amateurs de complots en tous genres : il s'agit de s'appuyer sur des faits plus ou moins réels, en les assénant comme des vérités, tout en utilisant les sous-entendus pour amener insidieusement le lecteur inattentif là où on veut aller. Le tout est tellement long que lecteur finit par ne plus lire et accepte, à force de matraquage, le point de vue de l'auteur. C'est classique en propagande.
Ca c'était pour la conclusion d'historien sérieux. Maintentant la conclusion personnelle :
En bref, cet article est un véritable torchon avec lequel il est inutile de perdre son temps sauf si on s'intéresse à la bêtise humaine.
Bonne soirée,
Seb.