Bonjour,
Voici l'histoire du caporal Richard COTTON (A Battery, 904th Field Artillery Battalion, 79th Infantry Division) J'ai pu le rencontrer jeudi soir (11/12) lors d'une cérémonie à la mairie de DAUENDORF (Alsace)
Il aurait pu ne plus vouloir entendre parler de cette guerre, de ce conflit qui l’a emmené si loin de chez lui, presque au bout du monde. Le caporal Richard Cotton avait 19 ans quand il a débarqué à Utah Beach, en Normandie, le 12 juin 1944. Le Californien au regard doux, visage rond, qui sortait tout juste du lycée, s’est retrouvé plongé dans l’horreur des combats, bombardé artilleur dans la 79e division d’infanterie, en charge de « canons de 105 ». On aurait compris qu’il veuille effacer de sa mémoire la longue avancée vers l’est de la France, les frères d’armes qui tombent, ou encore sa blessure au combat — en dépit des médailles, une Bronze Star et une Purple Hart. Revenu au pays, l’Américain s’est bâti une vie rêvée : Richard Cotton s’est marié, a eu cinq enfants, est devenu vice-président d’une entreprise employant 47 000 personnes. À la retraite, entouré de ses douze petits-enfants, il aurait pu regarder le temps passer, dans sa maison de la banlieue de San Diego, en surplomb de l’océan…
L’Alsacienne avait 4 ans quand les Américains sont arrivés dans son village
Mais non. Soixante-dix ans plus tard, le caporal n’a rien oublié. Un souvenir en particulier ne l’a jamais quitté : les regards de trois enfants alsaciens, émerveillés de recevoir des cadeaux en ce Noël 1944. Richard Cotton avait reçu dans un colis de sa mère des présents à distribuer, comme l’encourageaient à l’époque les journaux américains. Le soldat s’était empressé de donner les quelques jouets et sucreries, choisissant une famille au hasard : la fratrie l’a marqué à jamais et, toutes ces années, il a espéré les revoir.
Son vœu a été exaucé hier. À 90 ans, opéré à cœur ouvert il y a tout juste un an et n’étant jamais revenu en France depuis 1945, Richard Cotton n’a pas hésité un instant à s’envoler pour l’Alsace en compagnie de deux de ses fils et de deux de ses petits-fils, pour s’offrir à son tour « un si beau cadeau de Noël ». À Dauendorf, il a enfin pu serrer les mains de Maria Martz, très émue elle aussi. Âgée de 74 ans, l’Alsacienne avait 4 ans quand les Américains sont arrivés dans son village. Se rappelle-t-elle de Richard Cotton et de sa visite ? « Non, reconnaît-elle. Mais je me souviens des jouets : un petit sapin, que j’ai hélas jeté il y a deux ans, et une poupée dans une boîte bleue. » Sa jeune sœur Marlène (absente hier) parlait quant à elle d’un bracelet. René, leur frère aîné, est hélas décédé à l’âge de 22 ans.
Ce sont ces objets qui avaient poussé Maria Martz à se manifester suite à l’appel lancé dans les DNA en novembre 2013, via l’American Overseas Memorial Day Association et sa dynamique représentante dans l’Est, Jocelyne Papelard. Rebaptisée « commissaire Maigret » par Richard Cotton, c’est elle qui a mené de longues investigations pour retrouver la fratrie alsacienne à partir de quelques maigres indices : trois enfants, un père absent, dans les environs de Haguenau.
Source : DNA
Voici le lien vers les photos et vidéos :
https://www.flickr.com/photos/77272208@ ... 707838072/
http://www.itele.fr/france/video/alsace ... -44-104008
Eric