Post Numéro: 10 de Gardavous 16 Déc 2013, 11:55
Je prends cela comme un encouragement à continuer
24 sept 1939
<<Où en es-tu ? Heureusement que Piot* et Jugnot* ne partent pas ! Le Dr Teissiot* a été mobilisé un des premiers, c'est pourquoi Monique** a échappé aux piqûres qu'il voulait lui faire aux Myriams. Balland*** est médecin major aux Sables d'Olonne, où sa soeur l'a accompagné comme infirmière. Votre aumônier se montre bien courageux mais il n'est pas très robuste, et semblait à bout de souffle en prêchant pour la Bonne Presse à St-Gervais. Il se tuera s'il va sur le front. Ton papa est au bout de son temps de service comme officier de réserve, il aurait même pu donner sa démission au début de l'année, il a hésité, son colonel a insisté pour le garder. Je pense qu'il reviendra au printemps prochain dans les services de l'arrière, défense passive, ou autres, qui utilisent toutes les bonnes volontés. Les A.S. où il compte toujours comme inspecteur, marchent très au ralenti; j'ai ici un gros paquet de paperasses qu'Heubert devait venir chercher pour son travail (c'est le collègue de ton papa aux faillites) et il n'a pas encore paru. On dit même que les services de l'avenue Lowendal ont quitté Paris, emportant tous leurs dossiers ! Il y en a ! Le ministère de l'air s'est reformé près d'Orléans, où Eugène s'est installé avec sa femme et sa petite fille. Les H. sont toujours à Erquy, Bernard**** a été reçu 42 ième à l'école de l'air, il doit rejoindre Noël**** à Bordeaux le 2 octobre. François**** H. est à Etampes, en cours de perfectionnement. Jeanne est venue passer ici quelques jours pour le voir, et repartie ce matin emportant dans l'auto conduite par Bernard toutes ses affaires: couvertures, literie, vêtements, livres de classe, etc... Un vrai déménagement, pour passer l'hiver en Bretagne. Cela me semble excessif.
Annette s'installe pour la rentrée à Larchamp, près de Flers de l'Orne et me presse de venir l'y rejoindre; et d'y louer une des petites maisons qu'elle a visitées à notre intention. Sans affolement ni panique, je crois sage de prévoir une porte de sortie, car s'il prenait fantaisie à Hitler de nous envoyer des pruneaux, j'éloignerais d'ici les enfants tout de suite.
Albert a passé son appartement à la femme d'un officier aviateur qui va venir s'y installer avec ses trois enfants. Cette arrivée de la famille d'Ervan me laisse perplexe, je ne sais ce que donnera ce voisinage. >>
*Médecin du sanatorium
** L' une de mes autres sœurs
***notre médecin de famille à Versailles
**** Un cousin