Post Numéro: 6 de Aviantic 28 Avr 2012, 11:03
huck a écrit:Brehon, les français et l'alcool, ce n'était pas dit de façon péjorative, mais il y a une histoire tout de même très étroite entre la France et les alcools. Les vins (et quels vins!), les cidres, les cognacs et autres alcools forts qui sont réclamés dans le monde entier. Lors de la prohibition chez nos voisins du sud, l'une des plaques tournantes du traffic d'alcool était française, c'est à St-Pierre-et-Miquelon que les pêcheurs "pêchèrent" en faisant de la contrebande. C'était d'ailleurs très lucratif pour l'ile. Lors de l'occupation l'alcool était une monnaie d'échange avec l'occupant qui était toujours stable (la monnaie, pas l'occupant). Idem avec les libérateurs, on voit bien dans les récits des GI ces moments de grâce avec la population ou l'on recevait le libérateur avec ses meilleures bouteilles. J'ai lu il y a quelque temps "Ils arrivent" de Paul Carell et le fil conducteur du livre, c'est le calvados. En France, il y a un savoir-faire et un savoir-vivre liés au bien boire (comme au bien manger) qui n'a jamais laissé un étranger indifférent. En tout cas, je trouve le sujet original et intéressant.
Aviantic, je me suis mélanger avec le calvados dans mon texte, mais le cidre, c'est vrai, c'est une boisson fort sympathique. Merci pour ces explications, c'est fort instructif.
En illustration et pour revenir au thèmet du forum, je vous livre un texte qui figurera dans mon livre à paraître aux éditions Heimdal (50 aérodromes pour une victoire). C'est le témoignage d'un G.I. appelé travaillant au service cartographique d'un Fighter Group de Lightnings (le 474ème) basé sur le terrain A11 à Neuilly-la-Forêt près d'Isigny
A la découverte des boissons normandes[i][i]« Tiens, bois un coup »
« Mais qu’est-ce que c’est que cette boisson d’enfer ? »
« Du cidre. Pas mauvais ma foi »
« Yeah, » approuvèrent-ils. « c’est du cidre français »
« Où l’avez-vous dégotté ? Il n’est pas empoisonné au moins ? »
« Pourquoi le serait-il, Bon Dieu, regarde-nous ; est-ce que nous avons l’air empoisonnés? On s’en gave depuis hier où on en a trouvé un tonneau dans les ruines de Saint-Lô. Mon gars, cette ville a subi l’enfer, elle est entièrement dévastée. »
« Les mecs, faites gaffe à ne pas en boire de trop car vos boyaux vont pas aimer et tout éjecter »
« T’en fais pas, personne n’a le droit d’y toucher. C’est planqué dans un petit cellier dans une maison et personne ne peut en abuser. En outre nous le surveillons. » [i](c'était leur chat mascotte qu'il avait amené d'Angleterre qu'ils avaient enfermé dans le cellier qui remplissait cet office car si quelqu'un ouvrait la porte, le chat en s'échappant donnait l'alerte. Efficace ?)Les officiers percevaient avec leur ration mensuelle une pinte de gin et 1/5ème de whisky écossais. Le prix était insignifiant, 2,12$ le tout. Ils mettaient alors leur truc en commun et organisaient de grandes bringues dans leur tente pendant que les simples soldats les regardaient d’un air morose. Beaucoup pensaient que cette boisson était réservée aux officiers pilotes.
« Les rampants ont un autre sort » disaient-ils d’un air dégoûté.
« Qu’est-ce que t’en as à foutre » s’exclama un autre G.I. « Mais, Bon Dieu, tu ne peux pas donner du whisky à tout le monde. Il n’y aurait jamais assez de bateaux pour l'amener jusqu’ici. Si ces gars là reçoivent ce réconfort, c’est qu’ils ont eu du pot et je ne les envie pour rien au monde ». Et la discussion s’anima avec les pour et les contre.
Néanmoins les simples soldats n’étaient pas si mal lotis que ça. Bien sûr ils n’avaient ni gin, ni whisky, mais la gamme de variétés de boissons locales qu’ils ont essayées n’était rien moins que remarquable.
D’abord le cidre parce qu’il y en avait partout. Ensuite la crème de menthe et le cognac ainsi que tout un florilège de liqueurs françaises qui nous rendaient plus malades que réellement ivres. Et enfin il y avait le Calvados…
« … Ce breuvage était aussi clair que de l’eau mais vous donnait un coup de pied au cul aussi violent qu’une mule déchaînée. Rapidement on appela ça « White Lightning »
(éclair blanc par analogie avec les avions du Group). Ca avait le goût d’alcool mais c’était encore plus fort. Ca vous titillait avec la gentillesse d’un petit chat mais ça vous frappait comme une bombe de 5 tonnes en passant dans le gosier. Tout le monde l’a essayé durant les premières semaines de Normandie mais si les gosiers furent frénétiquement emplis, les fossés se remplirent aussi d’hommes saouls.
[/i][/i][/i]