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Parce qu'il n'y a pas que le béton dans la vie...


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yauckt
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PFL2 - EC1bis

Lien permanentde yauckt le 11 Déc 2014, 11:16

EC1bis - Rue de Bleurmont à Chaudfontaine; lieu dit du "Trixhay" ( 50°35'22.3"N 5°37'36.0"E )

Etat : ?
Accessibilité : Au fond de l'impasse de la rue de Bleurmont.
Visitable : Non, remblayé.

Contrairement à ce qu'on peut généralement lire, EC1bis n'a pas été détruit après guerre, seule sa cloche FM a été retirée, celle ci ayant subi pas mal de dégats (photos dispos sur le site du CLHAM). Il a été enfoui après la construction d'une villa dont le propriétaire avait acheté l'abri pour 5000FB dans les années 60. Ne sachant que faire de ce dernier, il l'a complètement remblayé.
Le 7 juin 1939, un plan définitif d'abri-observatoire possédant une cloche F.M. type 1 d'un poids de 18 tonnes avec des parois de 1,30 m d'épaisseur est établi. La masse totale de cet abri est de 106 m³ et son coût est estimé à 275.000 francs de l'époque (un peu plus de 150.000€ actuel). Ce projet est approuvé et la soumission se fait en date du 18 décembre 1939. Elle est adjugée à la firme DERIDDER-CANTILLANA de Bruxelles.
EC1bis bénéficiait d'une vue imprenable sur la vallée donnant sur Chaudfontaine et servait de poste d'observation aux forts d'Embourg et de Chaudfontaine. Ce bunker fut occupé dès le 10 mai 1940. Entre le 13 mai et le 17 mai 1940, jour de sa reddition, cet observatoire rempli admirablement son devoir.
Photos prises à partir d'EC3, sur la vallée d'en face :
Image Image

Photo des années 90 (P.Brasseur) avant d'être complètement recouvert :
Image

Je cite ici un article disponible sur le site du CLHAM :

Extrait du Journal de campagne du Brigadier Albert Pirson du fort d'Embourg.
Nous sommes le 17 mai 1940. E.C.1 bis travaille depuis l'aube. Chaudfontaine a été dégagé à deux reprises par des tirs de contre-batterie réglés et exécutés avec succès.

L'ennemi attaque sans relâche avec l'artillerie et l'aviation. Le spectacle est féerique, nous vivons des instants uniques dans la vie d'un homme.

Nous sentons la responsabilité qui pèse sur nos épaules; cette bataille des forts, nous la possédons et la conduisons. Depuis plusieurs jours, E.C.1 bis est le seul poste d'observation qui fonctionne pour Embourg et Chaudfontaine.

La porte de Liège est bien verrouillée. L'ennemi le sait et s'acharne sur les deux ouvrages. Jusqu'à présent tous ses efforts sont stériles.

Il est 14 heures. L'ennemi s'est retiré et, désirant profiter de l'accalmie, le Mdl Bodson me remplace au poste de guet. J'en profite pour faire ma toilette et prendre une légère collation. Je gagne le local de détente où, en compagnie du soldat Brevers, j'espère jouir de quelques instants de repos.

A peine en place, une secousse formidable ébranle l'abri, suivie bientôt de plusieurs autres.

Le Mdl Bodson et le soldat Vannieuwhuysen descendent précipitamment de la coupole d'observation et nous rejoignent dans le local de détente. La porte hermétique est poussée et verrouillée, le tir de l'ennemi est régulier et porte chaque fois sur l'abri.

Le bombardement s'intensifie et la cadence des coups devient beaucoup plus rapide. Soudain une explosion nous bouleverse; étant appuyé contre le verrou de la porte hermétique, je me trouve littéralement collé contre la paroi opposée du local.

Cette fois, la situation s'aggrave; un projectile a percuté à l'intérieur de la coupole, les éclats frappent les chargeurs du fusil mitrailleur qui explosent. Des éclats atteignent aussi le différentiel à bain d'huile du ventilateur; l'huile se répand sur le sol et s'enflamme.

Le conditionnement de l'abri n'étant pas très heureux, notre matériel donne un aliment de choix aux flammes et c'est l'incendie dans toute son horreur. Nous ne pensons plus qu'à une chose : sortir de cet enfer le plus rapidement possible. Je gagne le couloir afin de me rendre à la porte blindée, je tire le verrou supérieur, mais celui se trouvant à la partie inférieure ne prétend pas rentrer dans sa gaine. Nous sommes donc emmurés vivants.

L'incendie et la poussière aidant (poussière provenant du ciment sortant des parois sous l'effet du bombardement) rend l'atmosphère irrespirable. Nous ajustons nos masques à gaz.

La situation devient tragique au possible et, pendant quelques secondes, nous croyons que tout est fini; le bombardement fait rage, nous assourdissant tous.

Reprenant conscience, l'instinct de conservation aidant, nous voulons à tout prix sortir. Brevers reste à la porte blindée et moi, je m'occupe de la porte de secours. Je déboulonne la plaque qui obstrue la galerie, ayant toutes les difficultés pour desserrer les boulons, étant gêné dans ce travail par le matériel qui m'entoure et surtout par l'obscurité dans laquelle nous vivons depuis le début du tir ennemi.

Mon travail était à peu près terminé lorsque mon camarade Brevers me crie que la porte blindée est ouverte, le verrou ayant cédé sous l'extrême violence du bombardement.

A présent, c'est la lumière. Je respire à pleins poumons, le ciel est sans tache, je suis ébloui et instinctivement mon regard se porte vers la verdure, cette verdure qui semble ignorer tout le drame qui se déroule sous ses yeux.

J'admire, peut-être pour la dernière fois, ces magnifiques campagnes, ce fort où vibrent à l'unisson des coeurs de camarades, de frères aveugles.

Un craquement sec accompagné de projectiles, de terre et de pierres me rappelle à la réalité. Il s'agit de s'éloigner pour chercher abri dans les tranchées environnantes. Une reconnaissance s'impose.

Cette reconnaissance, je décide de l'effectuer. Un obus vient frapper l'abri que je quitte immédiatement, me faisant le plus petit possible, me terrant chaque fois qu'un obus explose. J'arrive à la tranchée d'où surgit notre fameux câble téléphonique. J'effectue un rapide tour d'horizon. Rien à signaler. J'appelle les camarades. Dès ce moment, un seul souci nous guide : nous écarter le plus rapidement possible et nous mettre hors de portée des explosifs qui continuent à pilonner notre ouvrage.

Nous partons et, après quelques bonds, je suis à proximité des positions de l'artillerie de tranchée. J'effectue un arrêt brusque afin d'attendre les camarades. Malheureusement, ce geste brutal et désordonné provoque une chute dont je ne peux me relever.

Le camarade Brevers m'aide à me relever, mais je ne peux tenir debout. Je constate qu'il n'y a rien de cassé et que c'est l'articulation du genou qui a cédé. Mes camarades m'attachent avec leurs ceinturons et je suis évacué vers la ferme Vierge Marie. Ils y arrivent épuisés par le sublime effort qu'ils viennent d'accomplir et moi par des souffrances atroces.

Ici se situe le dernier acte d'EC1bis. Il ne répond plus. La porte de Liège est ouverte.

Ce poste d'observation était terminé depuis quelques jours avant l'invasion allemande et situé entre les forts d'Embourg et de Chaudfontaine, à un endroit dénommé "Trixhay", exactement au-dessus de l'Eperon du "Fond-des-Cris", le long de la route de Chênée à Verviers.

(Extrait de la revue Belgique-Belgium n° 1, 1ère année, 26 mai 1946). http://www.clham.org/050414.htm

Garnison de EC 1 bis :
- le maréchal des logis Albert Bodson,
- le brigadier Albert Pirson,
- les soldats Joseph Vannieuwenhuysen & Lucien Brevers.

A l'exception du brigadier Pirson, tous seront fait prisonniers le 17 mai au pied du Thiers de Critchons à Chênéé ( 50°36'22.6"N 5°36'53.2"E ) alors qu'ils tentent de rejoindre le reste des troupes.

Albert Pirson après les combats :
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Dernière édition par yauckt le 29 Oct 2016, 13:12, édité 6 fois.





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